Il a pris son temps
le peintre
son chevalet s’impatiente
des tapements du pinceau
déjà le matin abrège le plaisir
d'une récréation parmi les dunes
ses doigts apprennent à caresser
à laisser filer
et son rire éclate
dans l’écrasement du grain
il ferme un œil
devant son tableau
renversant son trait
bousculant la perspective
par la tache qui consume sa rétine
un cerf-volant file
au-dessus de lui
fragment d’une candeur fantôme
lui qui pourtant compte son âge
encore sur ses doigts
cette toile déchirée
pour un paysage ridé
ses larmes dans l’aquarelle d’un bonheur
mort
et sur l’esquisse d’un sourire
le gamin s’envole
une aile traînant sur Terre:
pas de lutte
son souffle éteint celui du vent
et quelques plumes ont su frôler les étoiles.
Oh et puis pourquoi pas ?
A.G.
©Audrey Gourjon
©Audrey Gourjon